Rétrospective – Robot Carnival (1987)

La seconde moitié des années 1980 est un véritable vivier de talent dans le monde de l’animation japonaise. Porté par l’émergence de l’OVA et la popularité de certains studios, on assiste à un véritable boom de jeunes animateurs et animatrices œuvrant dans des productions de plus en plus coûteuses, exigeantes et spectaculaires. Un point d’orgue qui trouve son apothéose avec des super-productions comme Les Ailes d’Honnéamise (1987), Mobile Suit Gundam : Char contre-attaque (1988), Akira (1988), ou Kiki la petite sorcière (1989) dans lesquels les studios de production dépensent des sommes ahurissantes. L’animation se stylise dans un réalisme détaillé, avec ses animateurs stars. C’est dans ce contexte que naît l’idée de réunir plusieurs de ces talents et de leur laisser cartes blanches dans la réalisation de court-métrage ayant comme unique point commun de parler de robot. Amené par le studio A.P.P.P., Robot Carnival réunit une véritable Dream Team de l’époque, grâce aux relations que tous entretiennent plus ou moins dans ce milieu. Dans cet article, nous verrons comment ces liens ont permis la mise en place de ce long métrage et nous décortiquerons cette pelote de laine qu’est la production de Robot Carnival.


Les titres des différents segments reprennent les traductions disponibles sur le DVD édité par Lancaster et Arcadès.
Cette article contient des spoilers. Il est conseillé d’avoir vu le film avant cette lecture


Genèse de l’Ève future

Le studio d’animation A.P.P.P. est fondé en juin 1984 par Kazufumi Nomura. Désireux de conquérir le nouveau marché de la VHS, l’entreprise lance la production d’une série anthologique pornographique surfant sur le succès du lolicon intitulée Cream Lemon. Pour son quatrième opus, titré Pop Chaser, A.P.P.P. confie la réalisation à Hiroyuki Kitakubo, un jeune animateur ayant fait ses débuts comme intervalliste pour le studio Sunrise, avant de se faire remarquer lors de la production de The Super Dimension Fortress Macross (1982). Il s’agit pour lui de sa première expérience au poste de réalisateur, en plus d’occuper celui de scénariste, storyboarder et character designer. Pour cette production en apparence modeste, il fait appel à plusieurs grands noms du milieu de l’animation rencontrés lors de ses expériences passées. Parmi eux : Hideaki Anno (Neon Genesis Evangelion (1995)), Hiroaki Goda (Ah! My Goddess (1993)), Hiroshi Watanabe (Slayers (1995)), Mahiro Maeda (Blue Submarine N°6 (1998)), Tsukasa Dokite (character designer de Dirty Pair (1985)) ou encore Takeshi Honda. Cette réunion de talent fait de Pop Chaser une production unique, qui se démarque dans la série par son esthétique plus proche des genres du mecha et de la science-fiction. Il est commercialisé en VHS le 13 mars 1985 et participe à l’essor des OVA, au côté de Megazone 23 (1985) sorti quelques jours auparavant et réunissant également plusieurs talents de l’animation.

Laserdisc de Pop Chaser (1984)

Nomura propose à Kitakubo de réaliser un nouveau projet de son choix. Souhaitant probablement profiter de la liberté offerte par le marché de la VHS, il s’intéresse tout d’abord à l’idée de réaliser une anthologie de clips musicaux en laissant des animateurs exprimer leur créativité. Un choix qui n’est pas anodin puisque cela permet de conserver le caractère anthologique des productions A.P.P.P., ainsi que de profiter de la popularisation des clips vidéos des années 1980, notamment grâce à la chaîne MTV dont certains programmes sont diffusés à la télévision japonaise depuis octobre 1984 sur ABC. Plusieurs OVA musicaux ont déjà vu le jour, que ce soit Radio City Fantasy (1984), Macross Flash Back 2012 (1987) ou l’expérimental The Chocolat Panic Picture Show (1985) ; tandis que d’autres offrent à la musique une place plus ou moins importante (s’inspirant aussi du succès de Macross et de l’essor des idols) comme California Crisis (1986), Handsome Girl (1991) ou évidemment Megazone 23 (1985). Kitakubo se rapproche tout d’abord de Kōji Morimoto, avec qui il vient d’animer les films Macross: Do You Remember Love? (1984) et Lensman (1984). Morimoto propose à plusieurs personnes de participer au projet, gonflant ainsi les ambitions de faire une simple collection de clip vidéo. Il devient un long métrage omnibus proposant plusieurs histoires courtes ayant pour thème commun de mettre en scène des robots. Le film prend le nom de Robot Carnival, et réuni huit réalisateurs proposant chacun un segment avec sa propre équipe créative dans une liberté totale. La production jouit d’un confortable budget, permettant une animation détaillée à 24 images par secondes.

Robot Carnival se divise en huit segments de durée inégale, chacun réalisé par une équipe créative différente. Seule la robotique donne une cohérence thématique à l’ensemble, ainsi que la musique composée principalement par Joe Hisaishi en parallèle de son travail pour Le Château dans le Ciel (1986). 

Complexe de Frankenstein

Storyboard de l’opening par Katsuhiro Ōtomo

En parallèle du début de la production de Robot Carnival, le studio Madhouse vient de lancer la production de courts métrages adaptés d’histoires courtes de Taku Mayumura, pour accompagner la sortie du long métrage d’animation Toki no Tabibito: Time Stranger (aussi adapté d’un roman de Mayumura) prévu pour décembre 1986. Le projet prend le nom de Manie Manie – Les Histoires du Labyrinthe. Parmi les réalisateurs appelés, le mangaka Katsuhiro Ōtomo est contacté à l’été 1984. Connu à l’époque pour les mangas Dômu et Akira, il s’intéresse de plus en plus à l’animation depuis sa participation au poste de character designer sur le film Harmagedon de Rintaro au studio Madhouse. Pour Manie Manie, Ōtomo entame la production du court métrage Stoppez le travail !, le troisième segment du film. Plusieurs animateurs ayant déjà travaillé sur Harmagedon sont présents, en particulier Takashi Nakamura et Koji Morimoto. C’est ce dernier qui invite Ōtomo à participer à Robot Carnival. Cependant, le mangaka est occupé par d’autres projets et ne peut pas s’investir autant qu’il le voudrait. Officiellement, sa participation à Robot Carnival se limite à la conception du scénario et du storyboard des séquences d’ouverture et de fin. La majeure partie du reste de la production de ces séquences sont confiées à l’animatrice Atsuko Fukushima qui travaille également le character design. Membre de Madhouse, elle occupe un poste similaire sur Labyrinthe (premier segment de Manie Manie), en plus de la casquette de directrice de l’animation, et plusieurs autres membres du studio rejoignent Robot Carnival. Nizo Yamamoto, connu pour son travail auprès de Hayao Miyazaki, assure la direction artistique et dessine l’image board et les décors. L’équipe imagine un univers encore en vogue à l’époque, celui d’un monde désertique parsemé de villages semblable à celui de Nausicaä de la Vallée du Vent (1982), Hokuto no Ken (1983) ou Birth (1984). Ōtomo réalise plusieurs illustrations pour le générique de fin, et imagine aussi le logo du film en prenant au pied de la lettre sa signification tout en y ajoutant de l’humour noir pour commenter la force destructrice de la robotique. On y retrouve le motif récurrent de ses œuvres, celui de la création prenant une forme incontrôlable, destructrice et autosuffisante. On retrouve cela dans Stoppez le travail !, mais également dans les films Akira (1988) et Roujin Z (1991).


Kōji Morimoto est l’une des premières personnes à être impliqué sur la production de Robot Carnival. Le jeune animateur, âgé d’une vingtaine d’années, intègre le studio d’animation Annapuru où il fait la rencontre de Manabu Ōhashi (aussi connu sous le pseudo Mao Lambdo). Il se fait vite remarqué pour son travail sur la seconde série Ashita no Joe (1980), puis participe à l’animation de Golgo 13 (1983), Cobra (1982), et Macross: Do You Remember Love? (1984). Il rejoint la production de Harmagedon, lui permettant vraisemblablement de faire la rencontre de son confrère Takashi Nakamura, et surtout de Katsuhiro Ōtomo qui sera pour lui un véritable mentor. Au sein du studio, il obtient son premier rôle majeur dans une production lorsqu’il est en charge du mecha design pour le long métrage Toki no Tabibito: Time Stranger (que nous évoquions quelques lignes plus haut). Morimoto restera proche d’Ōtomo par la suite, en travaillant comme animateur pour son segment de Manie Manie, comme assistant directeur de l’animation sur Akira (formant un duo avec Nakamura), puis réalisera Magnetic Rose de l’omnibus Memories (1995) et l’ouverture de Short Peace (2013). Pour Robot Carnival, Morimoto se charge quasiment seul d’un segment intitulé Frankenstein’s Wheel. Il imagine le projet dans son entièreté : storyboard, image board, design et animation. Celle-ci démontre toute la maîtrise de l’artiste dans cet exercice avec un fourmillement d’éléments à l’image, influencé par le style de Nakamura, les films d’animation Disney et surtout Ōtomo. Il anime des mouvements de caméra complexes (notamment une vue à la première personne), qu’il reproduira par la suite pour Manie Manie. Pour la direction artistique, il peut compter sur Yuji Ikehata avec qui il aura l’occasion de retravailler sur Roujin Z, Akira et Magnetic Rose, et déjà à l’œuvre sur les décors de Running Man (second segment de Manie Manie). Par ses couleurs désaturées, le personnage du scientifique fou, l’absence de dialogue et le jeu de lumière, Frankenstein’s Wheel évoque tout autant le cinéma d’horreur des années 1930, que le cinéma expressionnisme de cette même période.

Très probablement convié par Morimoto, Nakamura réalise aussi un segment pour le long métrage : Red Chicken Head Guy. Comme son partenaire, il conçoit presque seul la totalité du court métrage et laisse transparaître l’influence du studio d’animation Disney. Le personnage humain emprunte ses traits à ceux d’Ichabod Crane du court métrage La Légende de la Vallée endormie (1949) dont il reprend aussi le burlesque de la course poursuite avec le cavalier sans tête, en remplaçant les chevaux par des véhicules motorisés et la menace par un robot. On remarque par ailleurs une vision proche des deux animateurs concernant la représentation des robots. Morimoto évoque implicitement le monstre de Frankenstein qui fini par tuer son créateur, tandis que Nakamura compare les robots à des démons rappelant cette fois ceux de la Nuit sur le mont Chauve de Fantasia (1940). Outre l’aspect monstrueux, les robots sont un conglomérat d’éléments et cherchent à nuire à l’humanité qui l’a pourtant créer. On peut probablement y voir l’influence d’Ōtomo qui, comme nous l’avions évoqué précédemment, a pour sujet récurent celui de la créature incontrôlable.

Illustrations par Manabu Ōhashi pour Cloud

Manabu Ōhashi, également animateur au côté d’Atsuko Fukushima sur Labyrinthe, rejoint aussi le projet Robot Carnival. Comme ses confrères Morimoto et Nakamura, il prend les rênes d’un segment en profitant de la liberté créative accordée. Il s’agit pour lui de son unique travail au poste de réalisateur. Cependant, Ōhashi n’est pas particulièrement fan de robot. Il imagine un court métrage nommé Cloud, inspiré de son livre Kumo no Shōnen (1979), en changeant simplement le personnage principal pour en faire un androïde. Contrairement aux autres réalisateurs, Ōhashi est plus âgé dans le domaine de l’animation et déjà proche de la quarantaine lorsqu’il travaille sur Cloud. Cela apporte une sensibilité et une atmosphère plus calme et poétique à l’inverse de la fougue de ses collègues sur les autres segments. Largement inspiré pendant sa carrière par les contes et écrits populaires occidentaux (L’île au trésor (1978), L’Oiseau d’or (1987), La Petite Sirène et Les Douze mois pour la série Manga Sekai Mukashi Banashi (1976)), il n’est pas étonnant de voir dans sa proposition une histoire évoquant celle de Pinocchio. De plus, l’artiste ne cache pas que les films d’animation Disney de son enfance ont été une grande influence dans sa carrière. Ōhashi commence à travailler sur le court métrage à la fin de l’année 1985. Il dessine l’ensemble des illustrations de son segment en dix mois. Il est notamment aidé par ses enfants, Hatsune et Shiho Ohashi, pour réaliser les intervalles et est le premier réalisateur du projet Robot Carnival à terminer son segment.

Entre Karakuri ningyō et ASIMO

Outre les invitations menées par Koji Morimoto aux personnes proches du studio Madhouse, Hiroyuki Kitakubo convie également plusieurs de ces connaissances. C’est notamment le cas de Hiroyuki Kitazume qui vient de travailler comme animateur sur Pop Chaser. Membre du studio Bebow, il semble que Kitazume invite son ami et collègue Hidetoshi Ōmori à rejoindre Robot Carnival avec lui. Leur présence sur le long métrage est particulièrement appréciée à cause de leur popularité auprès des amateurs d’animation. Chez Bebow, les deux hommes travaillent ensemble sur l’animation des longs métrages Space Runaway Ideon (1982), et se retrouvent aux postes de directeurs de l’animation sur la série Heavy Metal L-Gaim (1984). Depuis, ils poursuivent une étroite collaboration, entre autres sur Megazone 23 Part II (1986) et Mobile Suit Zeta Gundam (1985) dont Kitazume dessine l’opening et l’ending. Au milieu des années 1980, Kitazume travaille sur Mobile Suit Gundam ZZ (1986) en tant que character designer. Par ailleurs, les deux animateurs fondent ensemble le studio Atelier Giga en 1987.

Illustration par Hiroyuki Kitazume pour Star Light Angel

Pour Robot Carnival, Ōmori réalise le segment intitulé Deprive. Malgré la liberté accordée aux réalisateurs, il ne souhaite pas produire ce qu’il veut, mais plutôt ce que l’on attend de lui. Il voudrait réaliser un court métrage inspiré des séries du studio Tatsunoko (Gatchaman (1972), Casshern (1973), Hurricane Polymar (1974), Yatterman (1977)), mais bride ses ambitions par crainte de ne pas plaire aux spectateurs. Casshern reste tout de même une influence visible, évoquée par le héros androïde à l’apparence humaine et sa lutte contre des robots maléfiques. Kitazume réalise quant à lui le segment Star Light Angel. Contrairement à son camarade, il voit le projet comme une opportunité d’expérimenter de nouveaux domaines.Habitué aux séries de real robot aux personnages actifs et extravertis, il veut concevoir un court métrage fantastique et mettant en avant une jeune fille timide. Il s’inspire du style des publicités et a pour ambition de plaire à un public d’adolescentes. Il est également probable que l’ouverture du parc d’attraction Tokyo Disneyland en 1983, ait influencé la conception des décors de Star Light Angel. Les productions de ces deux courts métrages semblent prendre plus de temps et se démarquent des propositions faites par les personnes proches de Madhouse. On remarque notamment une différence notable dans la représentation des robots. Dans les deux cas, ils sont principalement montrés comme des héros capables de prendre forme humaine (évidemment masculine) pour venir en aide à des jeunes filles en danger. Bien loin des monstres mécaniques de la vision d’Ōtomo, les robots sont ici très simples dans leur apparence, sans superflu et éloigné du real robot auquel Kitazume et Ōmori sont habitués dans les productions Sunrise. Ils se caractérisent par des lignes courbes, presque organiques en ce qui concerne Deprive dont le corps robotique du personnage principal évoque davantage celui d’un écorché. Terminator, sorti en mai 1985 au Japon, a aussi possible servi d’influence dans certains choix, ou semble au moins être référencé dans le plan montrant le héros metalliques aux yeux brillant en rouge devant un mur de flamme.


Kitakubo convie également Yasuomi Umetsu, animateur possiblement rencontré lors de la production de Lensman. Pour ainsi dire, il est la pièce finale dans la production de Robot Carnival, puisque Umetsu a travaillé pour Madhouse sur Harmagedon, Lensman et Toki no Tabibito, et pour Sunrise sur les génériques de Zeta Gundam aux côtés de Kitazume. Lorsque Kitakubo lui propose de rejoindre Robot Carnival, Ōtomo a déjà accepté de participer, et Umetsu est sur le point de terminer la production de Megazone 23 Part II pour laquelle il assume les postes de character designer et directeur de l’animation. Toutefois, il est déçu de son travail sur cet OVA, estimant qu’il n’a pas rempli entièrement ses devoirs de directeur de l’animation. Il accepte l’invitation de devenir réalisateur pour Robot Carnival comme un challenge pour prouver ses compétences. Il imagine le court métrage Presence, avec une direction artistique assurée par Akira Yamakawa, déjà à l’œuvre sur les décors de Lensman et sur ceux de Labyrinthe. Present est le segment le plus long du film. Contrairement aux autres réalisateurs, Umetsu inclut des dialogues dans son segment et, en tant que fan de la série Ultraseven, choisi Kōji Moritsugu pour interpréter le rôle principal. Il s’exprime complètement dans cette création qui marque ses débuts comme réalisateur et scénariste. Semblable au travail de Ohashi, il propose une histoire plus poétique, interrogeant plus profondément l’humanité des machines et s’en sert comme médium pour exprimer des questions sur notre rapport à l’attachement social. Une autre lecture pourrait également faire le parallèle entre la tristesse et les regrets du personnage principal face à sa création et la déception de Umetsu par rapport à Megazone 23 Part II.

Settei par Yoshiyuki Sadamoto pour A Tale of Two Robots

Terminons ce tour d’horizon avec la contribution de l’instigateur du projet : Hiroyuki Kitakubo. À l’origine, Kitakubo imagine pour son segment un court métrage dramatique mettant en scène un robot géant apparaissant à Shinjuku et semant la panique. Cependant, à mesure qu’il découvre les intentions des autres réalisateurs, il s’inquiète en s’imaginant que chaque segment aura son public cible qui n’appréciera pas le reste du film. Il se questionne aussi sur sa capacité à rivaliser avec la qualité artistique des autres réalisateurs. Il change son idée en laissant de côté l’aspect purement artistique pour proposer une histoire plus divertissante, mais mettant toujours en scène des robots géants : A Tale of Two Robots. Outre le fait qu’il s’agisse du second segment à proposer des dialogues, Kitakubo ne s’exprime pas seul et s’entoure de nombreuses personnes. Il est notamment le seul de Robot Carnival à ne pas être responsable du character design de son segment (si l’on fait exception d’Atsuko Fukushima qui reprend le style d’Ōtomo). Il fait principalement appel à des personnes travaillant alors pour le tout jeune studio Gainax sur le long métrage Les Ailes d’Honnéamise. Lui-même participe au projet en signant des animations pour une vidéo de présentation du film. Au character designer, on retrouve Yoshiyuki Sadamoto, dans un style proche de ce qu’il fait actuellement pour Honnéamise. Il est accompagné par son partenaire Mahiro Maeda au mechanical designer. Parmi les animateurs, Kazuyoshi Yaginuma, Kumiko Kawana et Yūji Moriyama travaillent tous les trois comme animateurs pour Gainax. Par ailleurs, Moriyama a déjà travaillé avec Kitakubo en signant le character design de Pop Chaser. La direction artistique est confiée à Hiroshi Sasaki, déjà à l’œuvre sur Honnéamise, et qui signera, entre autres, celle de Gunbuster (1989) et Nadia, le secret de l’eau bleue (1990). La production de son segment est long et prend plus de deux ans avant d’être achevé ! A Tale of Two Robots marquant une pause dans le montage du film, en proposant une histoire beaucoup plus légère, mais tout aussi impressionnante que les autres grâce à son animation très détaillée dans les scènes de destruction et son rythme nerveux.

RUR : sortie d’usine

Après la sortie de la bande originale du film en mars, Robot Carnival est commercialisé le 21 juillet 1987 (en VHS, Laserdisc et VHD) sans véritable concurrent face à lui, si ce n’est peut-être Macross Flash Back 2012 (sorti en juin 1987). Cependant, malgré les efforts déployés dans la production, l’OVA ne rencontre pas le succès escompté, et est vite devancé par la sortie en septembre de Dangaioh, et du second épisode de Bubblegum Crisis du studio Artmic. Hiroyuki Kitakubo est évidemment déçu de ce résultat. Il estime que la production a pris trop de temps, et que le film aurait eu plus de succès s’il était sorti peu de temps après Pop Chaser en 1986. Toutefois, le film connaît un succès important en Amérique du Nord, avec la commercialisation du film par l’éditeur Streamline Pictures en 1990.

Laserdisc de Robot Carnival

Concernant les réalisateurs, la plupart se retrouveront impliqués dans les productions de Mobile Suit Gundam : Char contre-attaque (1988)  et Akira (1988). Les deux principales têtes pensantes du projet auront l’opportunité d’endosser le poste de réalisateur pour d’autres projets : Hiroyuki Kitakubo avec Roujin Z (1991), JoJo’s Bizarre Adventure (1993) et Golden Boy (1995) ; Kōji Morimoto avec Magnetic Rose (1995) et Beyond (2003). Au final, Robot Carnival aura été une sorte de récréation créative pour chacun et chacune. Dans leur évocation du projet, tous semblent en garder un bon souvenir, malgré les regrets de certains de ne pas avoir pu faire encore mieux. Manabu Ōhashi considère même Cloud comme la réalisation dont il est le plus fier, et empruntera le nom de son segment pour nommer son blog en ligne. 

En France, Robot Carnival est officiellement diffusé pour la première en mars 1998 lors d’une soirée consacrée à l’animation japonaise sur la chaîne Arte. Il faut attendre septembre 2006 pour que le film connaisse une sortie en DVD par l’éditeur Lancaster et Arcadès, avec en plus une version française.

Pour en lire plus

Sources

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  • (jp) Yuichiro Oguro, « Animator Interview – Nakamura Takashi (5) », Web Anime Style, 06 décembre 2000 [lire en ligne]
  • (jp) « Conversation – Kōji Morimoto & Katsuhiro Ōtomo », Orange Kōji Morimoto Scratchbook, Asurashinsha, 2004 (ISBN 978-4-8703-1618-8) [traduction en ligne]
  • (en) Justin Sevakis, « Buried Treasure – Robot Carnival », Anime News Network, 26 octobre 2006 [lire en ligne]
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  • (jp) Yuichiro Oguro, « Dai 399-kai « Robot Carnival » no kaku sakuhin (3) Umetsu Yasuomi no « Presence » » [«  »Presence » de Umetsu Yasuomi »], Web Anime Style, 01 juillet 2010 [lire en ligne]
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  • (jp) Yuichiro Oguro, « Dai 403-kai « Robot Carnival » no kaku sakuhin (7)  Kitakubo Hiroyuki no « Meiji Karakuri Bunmei Kitan ~Kōmō hito shūrai no maki~ » no tsudzuki » [«  »Suite de A Tale of Two Robots » de Kitakubo Hiroyuki »], Web Anime Style, 07 juillet 2010 [lire en ligne]
  • (jp) Yuichiro Oguro, « Dai 404-kai « Robot Carnival » no kaku sakuhin (8)  « Nakamura Takashi no « Niwatori otoko to akai kubi » » [«  »Red Chicken Head Guy » de Takashi Nakamura »], Web Anime Style, 08 juillet 2010 [lire en ligne]
  • (jp) Yuichiro Oguro, « Dai 405-kai kurieitā shugi to « Robot Carnival » » [« Créateurisme et « Robot Carnival » »], Web Anime Style, 09 juillet 2010 [lire en ligne]
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  • (en) Nick Dwyer, « Interview: Kōji Morimoto », Red Bull Music Academy Daily, 30 novembre 2017 [lire en ligne]
  • (fr) Laurent Estornel, « [Interview] Manabu Ôhashi, 50 ans d’animation », Journal du Japon, 19 avril 2018 [lire en ligne]
  • (en) ProjectTomcat @ProjectTomcat, « Alright, so let’s talk a little about Manabu Ōhash », Twitter, 28 février 2019 [lire en ligne]
  • (en) Matteo Watz, « The rise of realism », Animétudes, 28 mai 2021 [lire en ligne]
  • (jp) « Shinsaku anime sakuhin o seisaku-chū no Umetsu Yasuomi ga kataru « kore made » to « korekara » anime gyōkai u~otchingu dai 85-kai » [« Yasuomi Umetsu, actuellement au travail sur une nouvelle série animée, nous parle du « passé » et du « futur » [Anime Industry Watch No. 85] »], Akiba Souken, 25 décembre 2021 [lire en ligne]
  • (en) « Robot Carnival (OAV) », Anime News Network [consulter]
  • (en) « 1987 – ROBOT CARNIVAL », ChronOtomo [consulter]
  • (fr) « Robot Carnival », Planète Jeunesse [consulter]
  • (fr) « ŌMORI Hidetoshi », ShoShoSein [consulter]

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